Souvenirs d'André Dupis
Première anecdote (vers 1964) :
Nous avions décidé avec Pierre Pétour (PP) d'aller
nous promener un dimanche à Bourges. En passant devant l'hôtel
du Centre de Recherches Géophysiques, nous apercevons Louis Cagniard
à la fenêtre de son appartement, juste au-dessus de l'entrée
de l'hôtel. Il vint à l'idée de PP d'inviter le
patron à venir avec nous. Je n'étais pas très chaud
et lui laissais l'honneur de faire la demande. A ma grande surprise,
Louis Cagniard, "p'tit Louis" comme on le surnommait à
l'époque, accepta. Notre PP qui n'était pas un chauffeur
émérite - il venait de racheter la 203 de Daniel Gilbert
- préféra que je prenne ma presque neuve première
voiture, une Ami 6 (3 CV) très souple ... Je ne sais plus si
la fidèle Aurore était du voyage.
Et nous voilà partis dans cette voiture assez sautillante avec
le Patron, très content, je crois, du voyage. A Bourges, visite
inévitable de la cathédrale, petit tour dans la rue Moyenne,
quelques monuments dont le théâtre, sans oublier l'évocation
du Franciscain de Bourges : pour moi, c'était la première
fois que j'en entendais parler.
Je garde de cette escapade des sentiments très variés
: de la surprise, un peu de fierté, et aussi un peu de gêne,
car qu'allait-on faire une après-midi à Bourges avec le
"patron" qui ne se mêlait pas facilement à ses
élèves ? Mais cela c'était peut-être l'image
que nous nous faisions des patrons, et Louis Cagniard n'était
finalement pas un patron comme les autres.
Seconde anecdote :
C'était lors de l'enterrement de Richard Wrecek. Le Patron était
descendu de Paris à cette occasion pour la cérémonie
qui avait lieu à Pouilly-sur-Loire. Tout s'est bien passé
pour aller au cimetière, car le cortège nous protégeait
le long de ce qui était encore la fameuse N7. Mais au retour
nous cheminions, comme il se doit, sur la gauche de la chaussée.
Le Patron, ne voyant pas très bien, marchait sur le bord de la
route, le bas-côté étant trop irrégulier.
C'était très dangereux, les voitures nous frôlant
de très près. J'ai donc entrepris une "garde rapprochée"
en me plaçant à sa droite. Comme j'étais alors
le plus exposé, je le tassai le plus possible vers le bas-côté.
Au bout d'un moment, excédé, inconscient - et bien ingrat
- il m'a demandé dans un murmure chuintant qui le caractérisait
bien de le laisser tranquille (je ne me souviens pas qu'il m'ait dit
de lui foutre la paix ?) en m'assurant qu'il était assez grand
et responsable pour affronter les dangers de la route ... Je me résignai
donc à poursuivre ma BA en me plaçant devant lui, soulagé
aussi de m'exposer moins moi-même.