Souvenirs de Pierre Pétour

1 - "Lorsqu'on manipule beaucoup d'argent, il vous en reste toujours un peu de collé aux mains" :
Un jour que j'étais dans le bureau de Louis Cagniard et qu'il avait un peu de temps libre et envie de parler, il se laissa aller à me raconter sa vie et notamment son expérience de P. D. G. dans deux petites sociétés de recherches pétrolières qui travaillaient au Moyen Orient.
Des banques qui souhaitaient investir dans la recherche pétrolière, qui était très en vogue à l'époque, étaient allées le chercher alors qu'il était à la faculté de Lille, en raison de ses diplômes et de ses connaissances dans le domaine de la géophysique.
Hélas et pour des raisons diverses ces sociétés ne connurent pas le succès espéré et durent fermer ou être reprises par des concurrents, mais il s'en tira très correctement sur le plan financier.
C'est à la fin de l'entretien et de ce bref résumé de sa vie qu'il me lança en guise de conclusion et de conseil cette phrase que j'ai eu depuis l'occasion de citer des dizaines de fois :
"Mon cher Pétour, vous savez, lorsque vous manipulez beaucoup d'argent, il vous en reste toujours un peu de collé aux mains".

2 - La chance :
Un autre jour, lors d'un entretien, alors qu'il se laissait aller sur le plan des confidences, il me dit d'un ton paternel ces quelques mots qui semblaient résumer un peu son expérience de la vie :
"La chance, il faut être prêt à la saisir lorsqu'elle passe à votre portée car elle n'y repassera peut-être plus jamais. Il y a des gens pour qui elle passe plusieurs fois à leur portée au cours de leur vie et d'autres qui n'ont hélas jamais cette chance".
J'ai toujours conservé en mémoire ce conseil en l'appliquant aux gens de mon entourage pour tenter de mieux les comprendre.

3 - Le cigare :
Un autre jour il m'avoua que lorsqu'il était directeur dans le privé et qu'il était en discussion d'affaires importantes, il s'en était tiré, maintes fois, grâce à son cigare qu'il s'arrangeait toujours à allumer dans de telles occasions car, me confia-t-il :
"lorsque j'étais en difficulté, je tirais alors une longue bouffée qui me permettait de gagner quelques précieuses secondes pour préparer mon argumentaire".
Il me confia ne prendre aucun plaisir à fumer le cigare mais, dans de telles circonstances, fumer son cigare lui fut souvent une aide précieuse.

En résumé,
de Louis Cagniard je garde le souvenir d'un homme au crépuscule de la vie et qui avait le sentiment d'avoir bien réussi celle-ci. Il était bon avec nous et nous traitait comme il l'aurait fait avec ses enfants qu'il n'eut jamais la chance d'avoir. Au CNRS il prenait, me semble-t-il, plaisir, grâce à son expérience du business acquise dans le privé, à passer avant les autres pour ce qui était de l'attribution de subventions. A titre d'exemple le budget de Garchy était environ 20 fois supérieur à celui d'un chef de laboratoire d'électricité de Rennes que j'avais eu l'occasion de rencontrer à cette époque et qui avait le même nombre de "thésards" dans son laboratoire.

Pierre Pétour

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